vendredi 25 novembre 2011

La grande arnaque de la démocratie

Pendant ce temps, le chômage chronique interdisait toujours aux ouvriers européens d’élever plus de deux enfants rachitiques à la fois ;

pendant ce temps, les gouvernements refusaient de lutter contre le taudis, faisant judicieusement remarquer qu’il valait mieux que la bombe atomique démolît des taudis que des palais de lumière et de salubrité ;

pendant ce temps, les gouvernements socialistes, appelés une fois de plus au pouvoir par des électeurs acharnés, pleuraient d’affolement sur le sein de leurs épouses et perdaient le sommeil, ne sachant plus que faire pour se faire pardonner :

dissoudre le parti communiste, encourager les trusts, réduire les salaires,

ou bien pouvaient-ils espérer de passer inaperçus jusqu’aux prochaines élections,

en promettant de ne rien faire et de ne toucher à rien ?

Pendant ce temps, la terre était ronde, elle tournait, et l’humanité était une chenille géante, jetée sur le dos et tournant avec la terre ;

elle agitait désespérément ses deux milliards de pattes* farouches et impuissantes et son rêve était un humble rêve d’infirme :

pouvoir se lever un jour et marcher, sans peur, marcher !

Au lieu de demeurer ainsi prostrée, à agiter furieusement ses pattes, à tourner avec la terre.


* texte écrit en 1945, extrait de «Tulipe» par Romain Gary

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